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Micheline Masse
ou le VRAI retrouvé

A notre première rencontre avec Micheline Masse, tout favorisait déjà cette amitié profonde  et sensible qui nous unit. Une luminosité de début d’après-midi de printemps, douce, aux prémices des premières tiédeurs, dans le calme de sa maison de banlieue parisienne. Je poussait la grille d’un monde ancien, l’hôtel du Cardinal du Perron : mysticisme et Sarthe par son amitié légendaire avec Ronsard.

Elle m’attendait sans m’attendre, disponible caméléon aux couleurs de fraîcheur d’une nouvelle toile à laquelle elle s’appliquait. Elle me parla du langage des yeux, de ceux qui savent regarder, rire et pleurer, qui savent aimer. Je l’écoutais me conter Sarthe, la pierre, la terre, le ciell aux reflets changeants, avec l’émerveillement que j’avais enfant, à me laisser porter par les images dans un monde qui sent bon la tendresse et la paix.

Je me sentais petit comme je le suis toujours auprès de ceux qui sont humbles. Micheline Masse n’a pas la culture et l’éducation des mondains. Ce qu’elle dit vient de son jardin du cœur, comme les produits sains de la campagne de son enfance. Ce qu’elle dit, elle le peint avec autant de charme que de simplicité. Si elle a des impressionnistes le vécu des couleurs, la luminosité, Micheline Masse est avant tout Micheline Masse. Parce qu’elle a accepté de se donner totalement elle-même, elle en devient unique son pinceau prolongeant son cœur, a le goût de ses larmes, de ses joies, de sa tendresse. Elle est fenêtre et porte ouverte apportant un vent nouveau, embaumant feux d’artifice de la nature crue, amour partagé avec l’artiste, c’est  pour cela que son œuvre est parfumée résonnant dans le silence du Vrai retrouvé.

Jacques LEGUAY
Auteur compositeur


Masse, peintre de la Bretagne

Bretagne maritime entre toute choisie par Masse pour inspirer ses pinceaux.
Et, par-dessus tout ce morceau d’univers humain, le ciel, les ciels bretons. Lumineux, même envahis par la ruée de lourds nuages en mal de continent… Légers parfois pour que Yan et Maryvonne rêvent du pardon qui préludera à leur amour… Ciels gris, magiciens des nuances, ciels déchaînés voués au tumulte wagnérien des marées d’équinoxe, ciels du crachin et des brumes hostiles qui, telles des linceuls, recouvrent les boues des ports à marée basse…
Là est la moisson véridique des visions désormais captives sur les toiles de Masse. Visions fidèles, saines, parce que sobres dans leurs justes sonorités, dans l’équilibre heureux de leur mise en page. Un art qu’on loue de se refuser à toute littérature artificielle, à toute provocation insolite. Un art qui est celui pourtant d’une femme, mais d’abord d’un être énergique autant que perméable à la nature, à la vie. L’art d’un artiste qui, je ne crains pas de le dire, sait « lire l’heure au soleil ».

Guy DORNAND
Critique d’art.


Micheline Masse bucolique, jour

Micheline Masse se déplace en équipage, genre mobylette, traînant une cariole maculée de peinture, une toile trop grange mal arrimée qui bringueballe, un casque bêtement obligatoire pour unique carrosserie, elle est d’ailleurs, elle est d’ailleurs, elle ne vient pas, elle ne va pas, Micheline Masse chemine.
Forme engoncée à califourchon sur sa pétrolette, ne vous fiez pas à son allure pépère, elle est debout, sur la pointe des pieds de son acuité, en danseuse d’horizon, sur le qui-vive d’un paysage, repassant inlassablement à chaque heure du jour, attendant la lumière, attendant la pluie, pestant quand l’atmosphère insuffisamment lavée ne restitue pas le fauve des fougères, l’anthracite des ardoises, quand le ciel s’est assagi trop brusquement.
Dame nature ne se confie pas si facilement, d’autant que le confesseur de ce jour a du tempérament ; et puis la camisole de l’hésitation cède ; le corps à corps du tutoiement commence ; c’est au jugé, d’un gest rageur que la couleur est couchée, maîtrisé, dans l’instant d’une ruade, plaquée dans l’élan de sa fougue, belle et rebelle… Combats de Dames.

Micheline Masse parisienne, nuit

Quand Micheline Masse petite provinciale est montée à Paris, elle n’osait peindre sur la nuit, en catimini, que de sa lucarne entrebaîllée, à chat perché, au ras des toits, sans trop ouvrir, sans allumer, écoutant la gigantesque ville qui gronde attendant plus d’apaisement, attendant de tremper son pinceau dans le bleu de la nuit, pour s’y confondre, nocturne et prudente, avec juste l’impertinence de quelques touches de jaune fenêtre, avant qu’elle ne s’éteignent.

Jean-Louis CIVADE
Metteur en scène.
Micheline Masse appartient à cette catégorie d’artistes qui expriment librement, totalement leurs sentiments sans tenir compte des contigences habituelles dans lesquelles elle ne pourrait pas s’épanouir librement. Nous reconnaissons en elle une foi indéniable, une réserve inépuisable de création, un talent qui s’affirme toujours plus avant, il n’est que de regarder ses toiles, composées à pleine pâtes, ses tâches de couleur vive que font les bateaux, les pommiers, les fleurs sur fonds bleutés ou merveilleusement grisés pour comprendre l’âme de l’artiste toute entière trounée vers un idéale de beauté et de simple amour de la vie qui rendent attachante la moindre de ses tentatives.
Non conformiste, débarrassée des préjugés, indifférente au modes et conventions parfois stupides qui brident trop souvent les créateurs, Micheline Masse affranchit l’art pictographique, s’assimile directement avec la grâce des choses et des êtres et décide à jamais de faire entièrement alliance avec les riches vérités et les promesses de temps meilleurs.

Abbé Paul BIDAULT
Créateur du Musée du Fer blanc de St Argon d’Allier.