Micheline Masse

Un texte hommage d' Elizabeth Bourgine et Nicolas Amabile écrit pour la présentation de l'exposition posthume à l'Institut Mutualiste Montsouris

Un jour, la vie vous pousse à ouvrir une porte. Une porte oubliée depuis longtemps, mes 20 ans pour être précise. Une petite porte verte, à Bagnolet.

Je pousse la porte, j’entre dans la cour de la Maison du Cardinal du Perron. Une grande cour, une maison imposante, une plongée dans une autre époque quand la petite porte se referme derrière moi.

Je redécouvre Micheline Masse plus de 30 ans après notre première rencontre…

A vivre à côté de Mimi, tous les jours, de son atelier à son appartement, de son jardin à mon studio, des marches de son perron à ma terrasse… je vois la maladie rattraper ma Mimi.

Ma cousine Mimi a maintenant 85 ans, c’est toujours une force de la nature. Elle a seulement le cœur qui lâche de temps en temps ; qui l’abandonne parfois.

Au printemps 2017, Mimi s’est jetée à corps perdu dans une série de toiles de Paris, la nuit, vu de sa chambre de bonne… ses souvenirs de jeune fille la secouaient. Et son style était fort, encore plus étonnant que dans sa jeunesse. Les souvenirs des souvenirs au tamis d’une mémoire plus sélective.

Des œuvres épatantes comme l’aurait dit Renoir avec amitié et bienveillance s’il avait connu Mimi, une figure digne de sa «partie de campagne». Un personnage d’après guerre, à la gouaille ravissante et au talent admirable.

Elle était belle la jeune Mimi balançant ses morceaux de vie sur ses toiles.

J’ai la chance de vivre l’intimité de ma cousine, de cette femme force-de-la-nature. Ce qu’elle dit, ce qu’elle fait, tout me plait, m’interroge. Sur la vie, la peinture bien sûr, la famille aussi.

Elle se fatigue vite maintenant Mimi. Un jour elle disparaît à l’hôpital, puis elle revient, mais elle a du mal à se déplacer.

Je reviens de Guadeloupe où je tournais, et quand j’arrive, Mimi est de nouveau à l’hôpital, dans un autre hôpital…

Je vais la voir aussitôt. Et elle va mal, très mal.

Elle va vraiment mal, et de plus en plus vite.

Le 4 octobre 2017, Micheline Masse, peintre, part, pour de bon.

La veille, Mimi me parlait encore de cette exposition prévue à l’institut Mutualiste Montsouris , qu’il fallait absolument que j’appelle son cardiologue pour qui elle avait tant d’affection car il avait dit qu’il voulait qu’elle expose dans son hôpital.

Il faut que j’appelle le cardiologue pour qui elle a eu un coup de cœur, qui en a eu un aussi, coup de cœur pour Mimi, charmé par elle qui parlait de ses toiles.

C’est le docteur Nicolas Amabile, son cardiologue de l’institut Mutualiste Montsouris.

Mimi s’en est allée, alors cette exposition sera pour ne pas la quitter.

On va la faire à plus forte raison.

Un échange téléphonique avec Laurence Bourgine, chargée des expositions, me confirme une complicité réciproque et un coup de cœur partagé entre Mimi et son cardiologue, charmé par elle qui parlait de ses toiles.

Une plongée dans l’atelier de Mimi, maintenant qu’elle n’y vient plus, dans ses albums photos, ses catalogues, et ses tableaux…

Nicolas Amabile est venu dans l’atelier de Mimi, à Bagnolet, avec Laurence Bourgine, pour y choisir les toiles que vous pouvez voir dans cette exposition.

Voici quelques mots de mon entretien avec Nicolas Amabile sur Micheline Masse :

« A l’Institut Mutualiste Montsouris, on a une politique menée par Laurence Bourgine qui est de faire du hall, des parties communes de l’hôpital, un lieu d’exposition pour montrer quelque chose de beau à des gens qui ne viennent pas forcément dans des circonstances agréables, et c’est vrai que j’avais envie que Micheline puisse avoir accès à une Exposition.

Mon souhait était que son travail soit vu par beaucoup de monde, pas forcément des amateurs d’art, mais qu’elle ait une belle exposition méritée car elle m’a toujours touché.

C’était un plaisir de voir une telle passion, elle expliquait qu’elle travaillait tous les jours et avec mon équipe, on était quelques uns à prendre Micheline en affection et tout faire pour qu’elle puisse poursuivre dans sa passion, malgré son handicap.

C’était un leitmotiv, reprendre sa peinture ;

J’étais très impressionné de voir une telle ardeur jusqu’au bout ; et aujourd’hui, je suis épaté par la quantité de peintures, de travail, qu’elle a fournies.

Très impressionné.

En venant ici, je découvre l’abnégation qu’elle a mis à la fin pour peindre et suivre son idée.

Continuer à peindre, comme ça, le plus tard possible… que les gens se rendent compte de la qualité de ses toiles et puis l’histoire qui est derrière.

Si en plus de la soigner, on peut aussi l’aider à ce que son travail acquière de la visibilité alors, c’est parfait pour nous.

J’aime la lumière de ses toiles, avec son style à elle, c’est juste beau.

On est frappé par la palette des couleurs, la vivacité des lumières. C’est vraiment du beau travail.

Il y a beaucoup d’engagement dans sa peinture. »

Merci Nicolas Amabile.

Paris le 21 juin 2018 Elizabeth Bourgine

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Retour sur l'exposition à Exposition à l’Institut Mutualiste Montsouris

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EXPOSITION à L'INSTITUT MUTUALISTE MONTSOURIS

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Micheline MASSE, reportage vidéo de Raoul Sangla